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Page:Mérimée - Théâtre de Clara Gazul, 1857.djvu/160

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Scène III.

L’auberge d’Elvas.
DON ESTEBAN, LA DUCHESSE.

La duchesse. Cher ami, pourquoi cette tristesse ? Ta Sérafine ne peut-elle te distraire de ta mélancolie ?

Don Esteban. Avec une conscience comme la mienne… on ne peut être gai.

La duchesse. Tu devrais aller à la chasse, te distraire un peu.

Don Esteban. Le gouverneur d’Avis est-il rentré en Espagne ?

La duchesse. Je l’imagine.

Don Esteban. Sais-tu si la capitulation a été religieusement observée ?

La duchesse. Sans doute.

Don Esteban. J’en suis bien aise. — Sérafine, quittons Elvas. Les souvenirs de cette auberge me tuent. Plût au ciel que nous fussions ensemble dans les déserts de l’Amérique !

La duchesse. Elvas ne me rappelle que des souvenirs d’amour. Mais au lieu des déserts de l’Amérique, avec votre permission nous ferons mieux d’aller à Lisbonne.

Don Esteban. Nous verrons. — Je vais faire une promenade à cheval. — Tu viendras avec moi ?

La duchesse. Non, je suis fatiguée je vais faire la sieste.

Don Esteban. Don César… où est-il ?

La duchesse. Jaloux incorrigible !… à Avis sans doute.

Don Esteban. Moi, te soupçonner, Sérafine !… toi qui m’as donné tant de marques d’amour ! — Je vais galoper un peu. C’est quand le vent siffle à mes oreilles, et m’étourdit en tourbillonnant autour de moi, que je suis le plus tranquille. — Adieu.

Il sort.

La duchesse seule. Adieu, mon âme. — Pauvre benêt ! Qu’un homme sans caractère est méprisable ! J’ai cru