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Page:Mérimée - Théâtre de Clara Gazul, 1857.djvu/17

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dans vingt-quatre heures, et si les personnages viennent tous dans le même lieu, les uns comploter leur conspiration, les autres se faire assassiner, les autres se poignarder sur le corps mort, comme cela se pratique de l’autre côté des Pyrénées.

Le Grand qui n’a entendu que la fin de la phrase. En vérité ? les Français s’entr’égorgent-ils de cette manière ? Pourtant, lorsque j’étais en France, jamais je n’ai rien vu de semblable, et certainement je connaissais tout le monde à Paris.

Le poète à part. Il est d’une bêtise ! Faut-il qu’un homme comme moi en soit réduit à faire des vers pour un homme comme lui ! (Haut.) Mais pour en revenir à nos unités…

Le capitaine. Allons, monsieur le licencié, qu’est-ce que cela vous fait, qu’il y ait de l’unité ou qu’il n’y en ait pas ? Mais vous êtes toujours à éplucher les autres.

Le poète. Ce que j’en fais, c’est seulement dans l’intérêt de l’art. Qu’il serait à désirer que nous imitassions nos voisins les Français !…

Le capitaine. Non, non ! en rien ! excepté dans la charge en douze temps, qu’ils font avec plus d’élégance que nous.

Le Grand. Et dans leur respect pour la noblesse ! en France, c’est toujours à un grand seigneur que l’on donne les ministères ; tandis que chez nous maintenant5

Clara. Sans doute, et voilà qui est criant… Cette maudite constitution !… Un ministère vous irait si bien !

Le Grand. Pourquoi pas ? N’ai-je pas de la naissance et des talents politiques ? — Demandez au seigneur licencié… il s’y connaît.

Le poète.. Nous n’avons pas de famille plus ancienne que celle de votre excellence.

Le capitaine. Morbleu ! vive l’égalité ! il y a bien assez longtemps que je suis capitaine ; faut-il encore qu’un blanc-bec de grand seigneur vienne m’enlever mes galons de colonel, que j’attends depuis si longtemps ?

Le Grand. Capitaine, capitaine !… ce n’est pas à un guerrilléro…6

Clara. Ne vous disputez pas, messieurs, ou je vous mets tous à la porte. — Mais vous allez entendre la pièce nouvelle, qui, je l’espère, vous mettra tous d’accord. Vous, ex-