Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/329

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des grands chemins aquatiques étaient jaloux de l’honneur de Mélénas ; ils en perdaient le sommeil. Agamemnon, comme il le dit lui-même, était fier de commander à tant de rois et à tant de rochers ; il aimait aussi tendrement sa fille unique ; l’honneur de Ménélas l’emporta : il livra Iphigénie au bourreau en échange du nord-ouest. Le sacrifice paternel achevé, le vent souffla, et les mille tartanes voguèrent à la rame dans la direction de Besika. La joie inondait le cœur d’Agamemnon ; il avait perdu sa fille, il s’était brouillé avec sa femme, mais il allait enfin conquérir Hélène sa belle-sœur, qu’il détestait cordialement.

Toutefois, pour sauver les apparences, Agamemnon envoya de Besika Ulysse, avec une note, à Priam, pour le sommer de rendre Hélène. Priam, roi faible, aurait aisément consenti à livrer la jeune Tindaride Pâris lui-même n’était pas éloigné de l’avis paternel, mais le vaillant Hector s’écria : « Tant que les pirates des Archipels seront sur les terres de Dardanus, nous n’accorderons rien ; on ne peut délibérer sous la pression des Atrides et des forbans leurs alliés. Que la principauté de Besika soit évacuée, et l’on avisera pour le mieux ! »

Priam inclina sa tête vénérable, en signe d’adhésion : Ulysse, olli subridens, lui dit « Gardez Hélène, nous gardons la principauté de Besika ; nous la garderons dix ans, s’il faut. Demain, Ténédos, dices opum, sera ruinée ; elle payera les frais de l’expédition. »

Et l’ambassadeur sortit d’un pas précipité.

Maintenant, mon cher ami, vous connaissez les motifs qui m’ont brouillé avec Agamemnon, et, dans vos loisirs de Be-