Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/39

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parte, ayant été prononcé les trois marins poussèrent un cri de joie, et celui qui paraissait le chef s’écria :

— Nous l’attendions ! nous l’attendions tous, et depuis longtemps ! Je savais bien moi qu’il arriverait ! Où est-il ? montrez-le-moi ; j’ai beaucoup de choses à lui dire. Nous arrivons de là-bas.

Et il montrait l’horizon du Malabar.

On conduisit le corsaire à Bonaparte, qui lui fit un accueil très-affable et lui demanda des renseignements sur la situation du Bengale :

— Ah ! mon général, dit le marin ; les affaires ne vont pas très-bien. Pourquoi n’êtes-vous pas venu quand le bailli de Suffren a demandé à Versailles des secours, au nom de Tippoo-Saïb ? On dit que vous vous êtes amusés à faire des révolutions ; c’est ici qu’il fallait venir en faire, des révolutions ! Enfin, le mal est fait, n’en parlons plus. Nous avions pour nous, au Bengale, les Mahrattes ; ils nous ont abandonné. Que voulez-vous ? les Mahrattes n’ont pas tort. On leur disait : Les Français vont venir, les Français vont venir, et les Français n’arrivaient pas. Ils faisaient des révolutions. Alors les Mahrattes n’ont plus voulu entendre parler de nous. Il nous faut pourtant des alliés dans l’Inde. Où les prendre ? Je crois que le sultan du Caboul on le roi des Sikes pourraient aisément devenir nos auxiliaires. Ils ont de bons soldats, et, si nous les avions avec nous, nous ne regretterions pas les Mahrattes, et nos anciens alliés du Décan.

Bonaparte remercia, le corsaire et lui dit :

— Nous aurons encore beaucoup de choses à vous deman-