Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/5

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Mon cher ami,



La civilisation a son flux et son reflux comme l’Océan ; elle remonte aujourd’hui vers le plateau de l’Asie, et franchit l’Himalaïa sur les ailes de la vapeur. Coïncidence providentielle ! au moment où la traite des nègres est abolie, où les bras noirs laissent tomber leurs chaînes, la Chine crève sa grande muraille et lance ses rudes travailleurs sur tous les chantiers du monde. L’ouvrier chinois est patient, laborieux, sobre, docile, intelligent, et, quand la révolution des Mings sera accomplie, des millions de mains habituées au travail viendront remuer et féconder encore cette jachère infinie, ce monde en friche, qui s’étend des montages du Caboul au Van-Diemen, et jusqu’à cette Nouvelle-Calédonie, province