Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/82

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pouvait s’emparer du centre d’un continent avec des marins. Lord Cornwallis avait à peine réuni, sous ses drapeaux de l’Inde, deux mille soldats nationaux ; l’armée de terre a toujours été négligée à Londres. Il est vrai que, presque toujours, un vaisseau vaut mieux qu’un régiment, pour l’Angleterre surtout. Quinze mille cipayes mahrattes formaient le gros de l’armée du Mysore, et, comme l’artillerie destinée au siège de Seringapatnam ne pouvait entrer en campagne, les canons manquaient à lord Cornwallis. Quelques mois plus tard, les batteries volantes ne lui auraient pas manqué. À la guerre, il faut savoir choisir son moment, et Bonaparte avait bien choisi le sien. La victoire est une question d’à propos. Ce qui est gagné le matin aurait été perdu le soir. Vingt jours passés encore devant Saint-Jean-d’Acre, et lord Cornwallis nous arrêtait à Hyder-Abad.

L’armée anglo-mahratte se rangea en bataille sur la lisière du bois. Au centre, les nationaux se placèrent sur deux lignes ; les Mahrattes s’étendirent aux deux ailes, sous le commandement du jeune colonel Harris et du marquis de Wellesley (Wellington).