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MONSIEUR AUGUSTE

qu’exprimaient les yeux, les lignes du visage, le sourire extatique du jeune homme en faisaient un être surnaturel et effrayant de béatitude ; au milieu de tant de têtes impassibles, de faces bourgeoises et de campagnards blasés.

Hâtons-nous de dire, à l’éloge du jeune Octave, que cet élan furieux qui emportait ses désirs de flamme vers les voluptés des sens et les savoureux attraits de la forme, n’excluait pas en lui les exquises délicatesses du cœur et les chastes intermèdes de l’esprit. Il y avait aussi pour lui un autre rêve, le rêve des douceurs de l’ombre, après l’incendie du soleil : unir son bras au bras de la jeune fille ; s’incliner sous l’aile de son chapeau de jardin ; écouter la mélodie de sa voix ; tressaillir à ses confidences naïves ; assister aux révélations de son esprit, et murmurer à son oreille ces paroles de tendresse calme et d’amour pieux qui plaisent tant au cœur des femmes et les obligent à croire aux longues affections. Oh ! quel trésor intime il avait encore en réserve pour ces promenades solitaires, où deux corps s’avancent sur le gazon avec les mêmes pieds, respirent avec le même souffle, vivent avec la même pensée, dans le jour, à l’ombre, des arbres, dans la nuit, aux rayons des étoiles de Dieu !

Les applaudissements frénétiques justement don-