Page:Méry - Monsieur Auguste, 1867.djvu/139

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
135
MONSIEUR AUGUSTE

Mme de Gérenty était assise sous les arbres de la terrasse, et lisait. Elle se leva tout de suite, en apercevant son beau-frère, et lui dit :

— Eh bien ! votre mauvaise humeur est passée ? Je vous vois sourire… Bonjour, monsieur Octave, ajouta-t-elle, en saluant le jeune peintre ; vous fréquentez les colonels, maintenant. Prenez garde, celui-ci veut vous conduire en Afrique pour vous faire peindre une chasse au lion, et dans ce pays, les modèles tuent souvent les peintres.

— Cela est arrivé en France, quelquefois aussi, dit Octave ; j’en sais quelque chose.

— Mais, reprit Mme de Gérenty ; peut-on savoir, cher beau-frère, la cause secrète d’une mauvaise humeur qui vous a mis en délicatesse avec moi ?

— Oh ! chère sœur, répondit le colonel, avec embarras ; un colonel a toujours en perspective une épaulette de maréchal de camp, et ce n’est pas dans une garnison de province qu’on gagne un grade supérieur. Hier, j’ai appris que mon régiment n’irait pas en Afrique.

— Eh bien ! tant mieux ! dit la jeune femme.

— Eh bien ! tant pis ! dit le colonel.

— Méchant frère ! il veut me laisser toute seule !… Asseyez-vous, messieurs ; on va nous servir du cho-