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MONSIEUR AUGUSTE

— Non, mademoiselle, et pourtant je ne suis pas maladroite pour deviner un amoureux.

— Eh bien ! croyez bien ceci… le docteur est amoureux de Louise,

— Ah ! mon Dieu ! que me dites-vous là ! Est-ce qu’un médecin peut aimer sa malade ?

— N’y en aurait-il qu’un, c’est le nôtre… Mais vous ne remarquez donc rien, Rose ?

— Non, mademoiselle ; mais en y réfléchissant bien, je crois que tous les hommes peuvent devenir amoureux de ma jeune maîtresse ; elle a cinq cent mille francs de dot, et cela peut donner de l’amour aux plus aveugles et aux plus froids.

— Certainement, dit Agnès, la dot est pour beaucoup dans l’affaire ; un docteur de trente-cinq ans, qui fait un pénible métier pour gagner de l’argent, à vingt francs la visite, peut arriver tout de suite à la fortune, en épousant une héritière millionnaire ; mais notre docteur est un homme délicat, et s’il ne l’aimait pas Louise, il se persuaderai qu’il en est fou afin de ne pas se flétrir à ses propres yeux, en faisant un mariage de spéculation, un commerce honteux à propos de maladie.

— Oui, mademoiselle Agnès, je suis de votre avis, et cela me fait trembler pour ce pauvre Octave.

— Et pour le médecin aussi, interrompit Agnès.