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MONSIEUR AUGUSTE

quait. Une pâleur mortelle perçait sous la couche ardente que la chaleur de midi avait heureusement mise sur ses joues. M. Lebreton n’aperçut donc aucun trouble sur le visage de son interlocuteur.

— Causons froidement, poursuivit Lebreton ; Auguste ne vous a parlé dans sa lettre que de Mme de Gérenty et des deux jours de délai ?…

— Oui.

— Pour moi, cela est très-significatif, reprit M. Lebreton ; mais je comprends maintenant notre quiproquo de tout à l’heure. Vous ignoriez, vous, le projet de mariage, et vous avez cru que votre ami était amoureux de Mme de Gérenty…

— Oui, dit une seconde fois Octave avec une voix de fantôme.

M. Lebreton poussa un éclat de rire foudroyant, et, pinçant Octave par le bras, il lui dit :

— Votre ami est le plus discret des hommes. La discrétion est aussi une vertu : j’aime les hommes discrets ; ils réussissent toujours… Venez faire mon quatrième au whist, le colonel de Gérenty nous attend… ce terrible colonel… vous savez ?

M. Lebreton accompagna ces derniers mots d’un second éclat de rire, qui contrastait avec l’attitude glaciale et sérieuse d’Octave. On était arrivé devant la maison, et plusieurs voisins, groupés sur la ter-