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MONSIEUR AUGUSTE

ble Paris, où les romans, les drames, les opéras, les comédies, les vaudevilles, donnent aux femmes des leçons publiques d’infidélité. La chose était pourtant fort innocente. Mais les apparences sont toujours favorables aux mauvais soupçons. Octave, tout indigné qu’il était de la perfidie d’Auguste, avait néanmoins voulu s’acquitter de sa commission auprès de Mme de Gérenty ; il lui avait dit, en sortant, et tout bas :

— Monsieur Auguste Verpilliot sera exact à l’échéance, après le délai de deux jours.

La nuit obscurcissait la station de Chatou, lorsque Auguste Verpilliot descendit de wagon pour faire sa visite d’échéance à Mme de Gérenty. N’ayant jamais songé à compromettre une femme, il ne voyait rien de répréhensible dans cette visite nocturne ; elle prouvait l’empressement du visiteur, voilà tout.

Un domestique reçut assez mal Auguste sur le perron ; mais le jeune homme ne remarquait jamais en face les petites gens : il était trop haut placé dans sa propre estime.

— Madame de Gérenty, dit-il d’un ton sec, m’attend aujourd’hui. J’arrive de Paris au rendez-vous qu’elle m’a donné. Il s’agit d’une affaire grave ; voici ma carte, portez-la tout de suite chez M. Lebreton,