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MONSIEUR AUGUSTE

son voisin, où madame de Gérenty passe la soirée ; il faut que je lui parle ici, en particulier.

Et comme le domestique hésitait, une voix aiguë dit : Allez, et ce mot fut accompagné d’un geste impérieux. Le domestique murmura en sourdine, et obéit.

Mme de Gérenty ne se fit pas attendre. On faisait de la musique dans la galerie de M. Lebreton, et elle s’était éloignée un instant pour prendre le frais sur la terrasse. Le colonel veillait, fidèle à la consigne fraternelle.

Il vit sa belle-sœur recevant un billet de la main de son domestique, et s’enfuir en toute hâte, sans dire un mot d’adieu. Octave était absent ; il attendait toujours Auguste dans son atelier. L’absence de ce jeune homme fut interprétée dans un sens favorable aux premiers soupçons. Il devint évident pour le colonel que sa coupable belle-sœur avait un rendez-vous nocturne avec Octave. Le hasard est très-ingénieux quand il veut s’amuser à nos dépens.

— Anna ! Anna ! dit le colonel, en versant une larme pour son frère ; Anna ! et toi aussi ! toi la vertu même ! Mon Dieu ! mon Dieu ! à qui se fier ?

— Votre exactitude me plaît, dit Mme de Gé-