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NÉCESSITÉ

eux. Ils savent leur Religion, ou, comme ils parlent, leur croyance ; c’est tout ce qu’il faut pour être sauvés. Nous en savons assez, disent-ils, & plus que nous n’en ferons : si nous sasions tout ce que nous savons, nous ferions de grands Saints. C’est à quoi ils s’arrêtent, sans vouloir aller plus loin.

Je dis que toutes ces personnes n’ont que de fausses idées de l’étude & de la science de la Religion.

1°. Il est faux que cette étude consiste à approfondir les difficultés de l’Écriture qui exercent les Savans ; à chercher les dogmes de l’Église dans la tradition de tous les siécles, & l’éclaircissement des points d’histoire & de critique dans les Auteurs qui ont traité ces matières ; à étudier les cas de conscience, & la controverse : ce n’est rien de tout cela, ni rien qui en approche.

2°. Il est faux qu’étudier la Religion soit simplement apprendre le catéchisme des enfans : & c’est se tromper grossièrement, de croire qu’on soit suffisamment instruit, & dispensé d’aller plus loin, lorsqu’on fait son catéchisme de la manière qu’on vient de dire.

Ce qu’on appelle étudier la Religion, c’est travailler par tous les moyens possibles à s’avancer de plus en plus dans la connoissance de Dieu, de ses divines perfections, des œuvres de sa puissance, de sa sagesse, de sa justice, & de sa miséricorde ; à s’avancer dans la connoissance de Jésus-Christ, de ses mystères, de sa doctrine, de ses exemples, & des exemples de ses serviteurs qui l’ont imité plus parfaitement ; à se remplir des vrais principes de la Morale chrétienne, des régles de l’Église touchant la réception des Sacremens, & de tout ce qui peut contribuer à former une piété solide ; enfin à recueillir tous les rayons de lumière qui peuvent éclairer nos pas durant la nuit de la vie présente, jusqu’à ce que le grand jour de l’éternité commence à luire. Et pour tout dire en un mot, étudier la Religion, c’est : étudier Jésus-Christ.

J’ai dit, travailler par tous les moyens possibles, parce que ses moyens ne font pas les mêmes pour tous ; tel est à la portée de l’un, qui n’est point praticable à l’autre : mais en général ces moyens sont,

1. D’assister assidûment aux instructions publiques, fur-tout à celles de la Paroisse.

2. De se nourrir de la parole divine par la lecture des livres saints, & par celles des livres de piété des plus solides, & les plus propres à nous faire entrer dans l’esprit des Écritures, & à nous apprendre la doctrine de l’Église.

3. De s’instruire & de s’édifier par la lecture des Vies des Saints, où l’on voit les différentes manières dont ils ont copié Jésus-Christ, modèle unique & universel de sainteté.

4. De lire l’Histoire Ecclésiastique, pour étudier l’œuvre de Jésus-Christ dans l’établissement & le gouvernement de son Église.

C’est à chaque particulier à voir ce qu’il peut, & ce qu’il ne peut pas, & à faire usage des moyens que la Providence lui a mis en main ; mais il est certain, & je le ferai voir dans la fuite, qu’à l’égard d’une infinité de Chrétiens, ce ne font pas les moyens de s’instruire qui leur manquent, mais la volonté.

§ I.

On établit l’obligation où font les Chrétiens d’étudier la Religion.

I. Cette étude est pour tous les Chrétiens.I. Les hommes font partagés en différentes professions, & chacun d’eux travaille à se rendre habile dans celle où il s’est engagé. Un Négociant étudie les régles du commerce ; un Avocat s’applique à la Jurisprudence ; un homme de guerre ne néglige rien de ce qui peut le perfectionner dans la connoissance de l’art Militaire. Il en est de même des autres professions ; quiconque veut y réussir ne s’en tient pas aux premiers éléments. Que penseroit-on d’un Avocat qui ne sauroit que ce qu’il a étudié pour répondre aux examens, & pour soutenir ses Thèses ; d’un Médecin qui se contenteroit de quelques notions générales d’Anatomie, & qui ne voudroit savoir des maladies & des remèdes,