Page:Méténier - Les Voyous au théâtre, 1891.djvu/89

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cigarette offerte, pour obtenir d’eux ce que je voulais savoir.

Et quand je les avais interrogés, comme c’était mon devoir, je leur parlais familièrement, je provoquais leurs confidences ; et sans crainte, sachant très bien que je n’abuserais pas de leur confession, ils me racontaient leur vie, dans le plus pur argot, qu’à leur grand étonnement je parlais du reste aussi bien qu’eux.

Et c’était toujours la même éternelle histoire : une enfance pas surveillée, l’apprentissage au pair chez un patron brutal, le manque d’ouvrage en hiver, la rencontre d’anciens camarades d’atelier, qui, eux, ont trouvé le moyen de vivre sans rien faire. Comme il fait faim tous les jours, on les imite, et quand revient la belle saison, on a pris des habitudes dont on ne se défait plus. Ils ne sont pas mauvais, ni vicieux, ils le deviennent pas nécessité.

La condition des filles est encore pire. J’ai interrogé plus de deux mille de ces malheureuses. Il faut entendre de quel ton elles répondent à la question sacramentelle :