Page:Méténier - Les Voyous au théâtre, 1891.djvu/90

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— Quels sont vos moyens d’existence ?

— Je fais la noce !

Elles font la noce... Et elles ont aux pieds des souliers troués, et elles vous demandent, avant de sortir de votre cabinet :

— Il n’y aurait pas moyen d’avoir pour deux sous de pain ?

Elles se divisent en deux grandes catégories : celles qui sont nées à Paris, et les provinciales ou les étrangères.

Celles qui viennent de province ont quitté généralement leur pays pour servir comme bonnes d’enfant, nourrices ou femmes de chambre, ou pour suivre un amant. L’amant les a plantées là, ou elles ont perdu leur place... Elles ont fait comme leurs camarades qu’elles rencontraient bien habillées et dont le semblant de luxe les a éblouies.

Les autres sont nées au faubourg ; elles se sont élevées, ont grandi dans le logement étroit ou la chambre garnie de leurs parents, pêle-mêle avec leurs frères et sœurs, les enfants des voisins.

A dix ans, elles savaient tout ; l’atelier a fait le reste. A quatorze elles disent « mon amant » en parlant du petit de la fruitière,