Aller au contenu

Page:Mézière-Mémoire sur la situation du Canada et des États-Unis.djvu/4

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sur mon compte, m'employa en différentes occasions, me faisant espérer mon passage en France sous peu de temps. La première mission dont il me chargea avait pour objet de me rapprocher du Canada, d'ouvrir une correspondance sûre entre ce pays et les États-Unis, de sonder plus particulièrement les dispositions des Canadiens, de leur faire passer des papiers patriotiques, des chansons, des bulletins de la convention et une adresse rédigée exprès pour eux. Mon ordre et l'échantillon de toutes ces pièces sont dans la possession du citoyen Bréard. Ayant rempli cette mission suivant mon rapport au citoyen Genet dont il a fait passer copie au Ministre de la guerre, ou des affaires étrangères, il m'adjoignit dès lors à ses secrétaires et une expédition ayant été projetée contre Halifax et autres possessions anglaises en Amérique, il me mit à bord de l'Éole commandé par le contre-amiral Sercey, en qualité d'agent politique de l'escadre destinée à cette opération. Les fonctions que je devais remplir, sont énoncés dans les instructions données par le citoyen Genet au contre-amiral Sercey. - L'expédition n'eut pas lieu et tu sais pourquoi. Le procès verbal qui a été rédigé à bord de l'Éole est le tableau fidèle des raisons qui on fait changer de direction à l'escadre. Dans le fond, ces raisons sont en partie assez justes: il n'était pas possible, sans exposer beaucoup les vaisseaux et les marins de la République, d'effectuer la partie essentielle des instructions du Ministre. La seule chose qu'on pouvait tenter, en égard à la saison, c'était d'intercepter le convoi de pelleteries qui venait du Canada et de rester en croisière pendant un quinzaine de jours. En me permettant ces observations, je n'entends point justifier le changement de direction, ni jeter aucun blâme sur le ministre. Je suis tout à fait étranger aux motifs qui ont déterminé ce dernier; j'expose simplement des faits. Mon ordre d'embarquement est aussi entre les mains du représentant Bréard. J'arrivai à Brest le 2 novembre (vieux style) et mon premier soins fût de me présenter aux représentants du peuple à Brest, auxquels j'exposai mon cas et qui m'accueillirent d'une manière digne des délégués d'un peuple généreux et libre. Ils me firent même l'honneur de m'employer dans leur bureau, jusqu'à l'époque à laquelle tu me demandas. Voilà pour ce qui me concerne.