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CHAPITRE VII

commence déjà à y connaître les déclassés. Si l’instruction du peuple est relativement plus arriérée, la faute en est à l’immensité de l’œuvre, devant atteindre une population de plus de 200 000 000, et aux difficultés inhérentes à la constitution sociale du pays. De la part des Anglais, tous les efforts désirables ont été faits.

Au Caucase, la Russie commence à peine à s’occuper sérieusement de l’instruction, et ses efforts n’atteignent qu’un nombre restreint d’individus. La masse des habitants reste profondément arriérée.

Je crois que la raison de ces contrastes doit avant tout se chercher dans la différence de génie des deux races.

Le gouvernement anglais aux Indes est un gouvernement essentiellement civil et politique.

Une longue tradition a développé dans l’Anglais les qualités d’énergie et d’initiative qui mettent au service du gouvernement des éléments d’administration absolument hors ligne. Celui-ci sait les employer et, utilisant les services d’une petite élite de fonctionnaires, parvient à administrer un empire deux fois plus peuplé que tout l’empire russe, avec un nombre extraordinairement restreint d’employés européens. Chacun d’eux a, même dans les pays placés sous le gouvernement immédiat de l’Angleterre, une sphère d’administration très étendue dans laquelle son initiative et sa responsabilité sont souvent fort grandes ; son dévouement est en général à la hauteur de sa mission. Un seul « résident » surveille parfois tout le gouvernement d’une principauté aussi peuplée que le Caucase entier ; et cependant l’influence anglaise se fait sentir d’une façon vivante dans toute l’Inde, alors que vous devinez à peine le moteur premier de toute cette organisation.

Le gouvernement russe est au contraire un gouvernement essentiellement militaire. Sa sollicitude se porte donc avant tout du côté de l’armée. Les routes sont presque toutes des chemins stratégiques, et ceux-ci sont seuls jugés dignes d’entretien. La