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CHAPITRE IX

bouillante, et, de suite après, on les étend au soleil pour les sécher. L’on a soin, pour ces qualités de raisins, de préparer des surfaces soigneusement égalisées et recouvertes d’un gâchis de terre et de paille.

Le vin d’Ourmiah est excellent ; le plus répandu est le vin blanc. Malheureusement, il est rare de voir du vin vieux de plus d’un an ; les habitants donnent pour motif l’insuffisance de la production et la difficulté de conserver le vin, durant les chaleurs de l’été, dans des maisons sans caves. Tous ces motifs sont réels ; mais, à mon avis, le vrai motif est à chercher dans la soif gloutonne de ces mêmes habitants qui boivent sans mesure tant que dure la provision. Lorsque, l’été venu, le vin est épuisé, « pour ne pas boire une eau que les irrigations rendent malsaine », ces pauvres gens se voient contraints d’étancher leur soif avec leur provision d’eau-de-vie ! Boisson excellente par 35 degrés de chaleur à l’ombre !

L’usage universel des galettes combustibles porte évidemment un tort sérieux à l’agriculture ; aux environs des villes on cherche à y remédier par l’emploi des détritus organiques. Ceux-ci sont soigneusement recueillis, puis mélangés avec de la terre ; au bout de deux ans, ce terreau est répandu dans les jardins. La cendre des foyers est aussi employée comme engrais.

Malgré toutes ces richesses naturelles, le pays est pauvre.

La cause première de cet état de misère réside dans les vices du gouvernement ; et ces vices eux-mêmes ont leur origine dans l’influence prolongée des principes de l’Islamisme.

Dans les temps anciens, la Perse était beaucoup plus peuplée et plus fertile. Mais dans ces pays, la nature vierge n’existe pas ; toute la fertilité est un trésor accumulé par l’industrie humaine. Il suffit d’une série de guerres malheureuses et, plus encore, d’une série de mauvais gouvernants, pour dépeupler un pays ; et en Perse, tout pays dépeuplé devient immédiatement aride. L’influence européenne sur le gouvernement persan se mani-