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CHAPITRE X

Patriarche nestorien) de canoniser Nestorius (un hérésiarque solennellement anathématisé par un Concile !) si lui voulait reconnaître la suzeraineté de Rome !

Ces passages — et ils ne sont pas les plus violents — montrent jusqu’à quelles tristes aberrations peut conduire la passion greffée sur l’ignorance !

Ils permettent aussi de supposer que Perkins ne fut peut-être pas étranger à la promulgation du firman royal dont j’ai parlé, puisqu’il sut mettre sa mission à l’abri des mesures qu’il contenait. On peut appliquer ici, à l’état d’hypothèse, l’adage du droit : « Is fecit cui prodest ».

Malheureusement Perkins ne devait pas s’arrêter là dans cette triste lutte. Il prit prétexte de la reconstruction d’une église qu’entreprenaient les Catholiques à Ardischaï, pour faire intenter aux missionnaires lazaristes un procès en usurpation par l’évêque du lieu. Le procès fut jugé en deux instances en faveur des Lazaristes. Perkins parvint à le faire casser et porter à Téhéran. Il s’y rendit lui-même, et, fort de l’appui du ministre de Russie, ennemi juré des Catholiques, parvint à faire condamner les missionnaires et à obtenir un firman contre eux. Les immeubles de la petite mission d’Ourmiah furent sauvés grâce à un Catholique de Tébriz qui s’en rendit acquéreur avant la promulgation du firman. L’un des missionnaires, M. Darnis, fut expulsé de fait ; quant à M. Cluzel, il parvint à se cacher ; aidé par un missionnaire, arrivé pendant le procès, dont le firman n’avait pas fait mention, il put exercer encore, au milieu de mille difficultés, quelqu’action sur ses Catholiques. Cet état de proscription dura jusqu’à l’arrivée de M. de Sartiges, chargé par la France d’une mission diplomatique à Téhéran. Celui-ci fit rendre la liberté aux missionnaires, mais l’église d’Ardischaï ne fit retour aux Catholiques que vingt ans plus tard, en 1866. L’ère des plus grandes difficultés était ainsi close.

Je ne pense pas qu’aucun Américain, à quelque dénomination qu’il appartienne, voulût, à l’heure actuelle, se rendre solidaire des procédés de Perkins. Celui-ci ne semble d’ailleurs pas avoir