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CHAPITRE XII

essuyé toutes les avanies possibles, et ils ne peuvent plus rien payer qu’en subissant une expulsion ou quelque chose de pis encore[1].

« Vous n’aviez pas de Consul ici ; par conséquent vous n’aviez en aucune façon le droit d’invoquer la protection d’un Consul étranger (et les Capitulations, qu’en fait-on ?) ; c’est le gouvernement turc qui est votre « protecteur ». Quant à la protection russe qui vient de vous être accordée, je n’ai reçu aucun ordre. D’ailleurs, cette protection ne pouvait vous être accordée que sur mon avis préalable (!) ; et quand bien même j’aurais reçu des ordres à ce sujet, je suis maître de ne pas les exécuter. Votre Ambassade n’avait pas le droit de vous mettre sous la protection russe !

Puis, par une contradiction manifeste, il ajoute : « Si on vous avait donné la protection d’un autre consulat (anglais), j’aurais pu accepter. Mais quant au consulat russe, le Consul est absent ; je suis d’ailleurs en mauvais termes avec lui ; quant à Chérifoff, c’est « un homme en révolte contre son propre Consul ». Jamais je ne donnerai aucune réponse à cet homme-là, auquel je ne reconnais aucun droit et aucun titre à se mêler, non seulement de vos affaires, mais même des affaires russes. Je n’accepte pas son intervention, et si vous continuez à vous adresser à lui, je saurai, non seulement entraver votre mission, mais vous empêcher de sortir de chez vous, vous empêcher de partir ; et si peut-être vous pouvez quitter Van malgré moi, je saurai dans la suite entraver votre voyage, et si vous êtes arrêtés, vous saurez à qui vous le devrez. (Comme je l’ai déjà dit plus haut, Khalîl Pacha n’en est pas à ses débuts dans ce genre d’exploits.) Si Chérifoff envoie un kawas à Bachekaleh pour chercher votre bagage, je le ferai arrêter et votre bagage ne vous parviendra pas ; si vous partez de Van avec un kawas, je vous ferai arrêter en route ! Ou vous vous confierez entièrement à moi, renonçant à

  1. Depuis notre passage la situation des missionnaires s’est paraît-il améliorée, et le Vali a reconnu, dit-on, l’injustice de ses défiances à leur égard.