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CHAPITRE XIII

que Van, d’un homme comme Abouna Yakoub, qui s’est toujours occupé d’évangéliser les Chaldéens.

Malheureusement, les Pères qui sont ici depuis 1881, n’ont guère eu depuis leur arrivée, que difficultés et déboires.

Pour ramener les Arméniens à l’unité catholique, il faudrait deux choses : une école et, au moins, un prêtre arménien. L’école, indépendamment de toute considération religieuse, serait un bienfait pour le pays ; mais on se heurte à un mauvais vouloir obstiné de la part des Valis. Les Pères avaient commencé à réunir de jeunes Arméniens pour leur apprendre le français ; immédiatement les tracasseries, les menaces même ont commencé. Le gouverneur n’osa pourtant pas interdire officiellement les cours ; il employa le procédé turc ; des policiers furent apostés aux coins des rues. Lorsqu’ils voyaient un jeune homme se diriger vers la maison des Pères, ils l’arrêtaient : tout d’abord ils cherchaient à l’éloigner des Pères par des calomnies ; ne réussissaient-ils pas, ils employaient la menace : « Si tu continues à aller chez les Frenghuis, tu le payeras ; tu seras mis en prison » — et, l’un après l’autre, ces jeunes gens redoutant un danger qui n’était que trop réel, devaient abandonner la mission. Actuellement les Pères donnent quelques leçons de français aux officiers turcs ; on ne peut espérer grands résultats de ce travail, mais on peut toujours faire pénétrer ainsi quelques bonnes pensées dans ces âmes assez généralement droites, et ces officiers sont des amis qui peuvent être utiles à un moment donné.

Quant à un prêtre arménien, il est simplement indispensable. L’Église arménienne schismatique (grégorienne) et l’Église arménienne catholique forment chacune un corps à la fois civil et religieux, dont les privilèges et les droits s’incarnent dans la personne du Patriarche assisté de son conseil. Restant dans l’un ou l’autre corps, l’Arménien jouit d’avantages sérieux et parvient en temps ordinaire à échapper aux mesures les plus vexatoires que peut inspirer le fanatisme musulman. Pour que des Arméniens schismatiques deviennent catholiques, sans perdre leurs