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VAN : LES JARDINS — LES HOMMES, ETC.

Tout à coup l’on apprend qu’elles se sont coalisées et, qu’avec des forces très supérieures elles se préparent à assaillir les Nestoriens pour les piller et les massacrer. Elles font leurs préparatifs tout au vu et au su du Vali de Van. Le monde accuse celui-ci d’appuyer les Kurdes pour se venger, par cette expédition de pillage et de massacre, des difficultés que lui causent les Nestoriens. Heureusement l’opinion publique en Angleterre s’émeut tout à coup, et le gouvernement anglais qui s’est obligé par les derniers traités à protéger les Chrétiens d’Asie et qui cherche d’ailleurs à contrebalancer l’influence russe auprès des Nestoriens, se voit cette fois forcé d’intervenir efficacement. La Turquie est obligée d’envoyer des troupes pour arrêter les préparatifs des Kurdes ; au moment où nous arrivions à Van, le Vali avait précisément dû accompagner ces troupes en Hakkiari, pour réprimer ces mêmes Kurdes qu’il avait encouragés d’abord ! Position désagréable s’il en fut ! Néanmoins l’on dit que la considération de Khalîl-Pacha auprès du Sultan n’en a nullement souffert.

Avoir le mérite de découvrir et réprimer une conspiration arménienne semblait avec raison au Vali le summum de la gloire à laquelle il pouvait atteindre. De véritable conspiration, il n’en était nullement besoin. Il fallait au Vali une conspiration ; il l’invente un beau jour ; des listes de suspects sont dressées ; des malheureux sont emprisonnés. Mais la présence des Consuls gêne le Vali dans ses machinations ; il faut essayer de s’en débarrasser. Il réunit donc quelques notables arméniens, et par intimidation les force à rédiger une pétition au Sultan pour se plaindre des Consuls et demander leur suppression. Ces notables acceptent la lâche mission de tromper le peuple, en lui faisant croire que la pétition a pour but de demander la mise en liberté des détenus politiques. Le peuple, sur la foi de ses notables, vient signer en masse, sans lire. Mais un petit Arménien, plus défiant que les autres, parvient à lire à la dérobée les passages les plus intéressants ; il en comprend le vrai sens et dévoile