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CHAPITRE XIV

j’ai déjà cité les importants travaux exécutés dans les hautes vallées du Varak pour y amasser des réserves d’eau ; nous aurons occasion, pendant notre séjour, de voir encore d’autres travaux de canalisation.

Il y a quelques années un conférencier arménien, Arzruni, parlait en ces termes du haut pays d’Arménie : « Quoique l’Arménie soit mal gouvernée et entièrement séparée du monde civilisé, l’économie rurale y est dans une situation relativement très florissante, en raison de la fertilité du sol et de l’activité travailleuse de la population arménienne. »

« L’agriculture proprement dite, ainsi que l’arboriculture, la viticulture, le jardinage, l’élève des vers-à-soie et des abeilles y prospèrent et y sont presqu’exclusivement entre les mains des Arméniens. Le territoire de Van et la plaine d’Alaschkert sont plantés de blé et d’orge ; ils fournissent toute la Turquie et pourraient alimenter de bien plus grands pays encore si les moyens de trafic existaient. Van produit aussi du vin et des fruits admirables. On cite ses grenades très estimées à la table des Sultans. (?) On y trouve une espèce de grosse pomme, dite pomme du Roi, dont les pépins n’adhèrent pas à la chair et résonnent à l’intérieur quand on remue le fruit. Il pousse à Alaschkert de la sésame, de la noix de galle et du lin. Bitlis est connu pour son tabac et Much plus encore[1]. »

Arzruni trace naturellement de l’Arménie et des Arméniens un tableau flatteur ; mais dans l’ensemble, il a raison ; et certainement le manque de moyens de transports est le seul obstacle au développement de l’agriculture dans le pays de Van.

Au couvent des Sept-Églises, sur le Varak, dont je parlerai bientôt, j’ai vu des machines agricoles. L’essai était malheureux ; car dans un pays où l’ensemble des procédés de culture est encore si primitif, il eût fallu commencer par améliorer les instruments

  1. Arzruni. Les Arméniens en Turquie, 12. — Tout en faisant dans cette description la part de l’exagération, je crois devoir partiellement retirer le reproche que je faisais aux Arméniens de la Transcaucasie, d’être « aussi mauvais cultivateurs que bons commerçants. »