difficile. Vu la saison avancée, il n’était pas sûr que nous pussions
franchir les montagnes. En tout cas, en admettant que nous
arrivions sans encombre à Môsoul, les Katerdjis seraient obligés
Bekir-Agha.
de revenir à Van à vide, au milieu de l’hiver, ou d’attendre le
printemps pour trouver un chargement de retour. Puis, on sentait
que nous étions pressés. Aussi les premiers pourparlers furent-ils sans résultat. Enfin les Pères purent « faire bazar » (conclure
marché) avec un de leurs voisins, Bekir-Agha. Il nous fallait sept chevaux de bagage ; les conditions furent un peu draconiennes ; un medjidié par jour et par cheval plus une taxe supplémentaire d’un medjidié par jour, à répartir entre les trois katerdjis pour leur nourriture.
Ces katerdjis étaient : Bekir-Agha, grand diable maigre, et efflanqué, à demi brigand, à demi citadin, assez joyeux compère, et coureur hors ligne ; il tenait tête à nos chevaux au trot, jusqu’à les lasser.
Venait ensuite Reschid-Agha, fils. Le père est un notable kurde, et le fils chasse de race ; il est hautain, dur, ne reculant, ni devant un coup de couteau, ni devant un coup de fusil, la plus franche figure de chenapan, la figure du métier d’ailleurs, car il est connu comme un dangereux personnage. Au demeurant il soigne bien ses chevaux ; et sa présence dans notre bande nous est utile, car sur presque tout l’itinéraire que nous allons suivre, son père est considéré. À condition de ne pas le froisser et de le prendre à ses