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LE SIPAN-DAGH — AKHLÂT, ETC.

bords du lac et que l’affirmation constante des riverains ne permet d’ailleurs pas de nier.

Je ne prétends naturellement pas imposer cette théorie à mes lecteurs ; mais je dois dire qu’elle me satisfait pleinement.

Sur ce, retournons au seuil de Tadwân.

Ce plateau, dominé par de hautes montagnes formant les trois couloirs dont j’ai parlé, est exposé à toute la rage des vents, et c’est ici la fameuse plaine dont on nous a fait si peur à Van. La neige s’y accumule, dit-on, jusqu’à des hauteurs de quatre et cinq mètres. De fait, malgré le dégel qui a rendu praticable la plus grande partie du chemin, on est encore exposé à de désagréables surprises. Sous une couche de neige, d’apparence uniforme, se cachent des trous profonds, et il faut choisir sa route avec prudence pour n’y pas tomber. On compte depuis Tadwân environ trois heures pour franchir ce plateau. Il n’en faut pas tant à un ouragan pour soulever des tourbillons de neige et ensevelir une caravane. Aussi bien, ce passage mérite-t-il sa mauvaise réputation ; et, au temps où dans ces pays l’on s’occupait des voyageurs, on leur a préparé sur ce plateau inhospitalier des khâns confortables et élégants.

Le premier est à une heure et demie environ de Tadwân, un peu après la ligne de faîte[1]. La légende populaire en fait remonter la construction à quelque 400 ans et l’attribue à un certain Khosroû-Pacha. C’est une véritable forteresse, une magnifique construction en pierre de taille. L’intérieur se compose de grandes galeries parallèles à voûtes ogivales dont les retombées portent sur des piliers qui sont, parallèlement aux axes des galeries, reliés les uns aux autres par des arcs également ogivaux. Ce khân est muni d’un nombre considérable de cheminées. On voit que tout était organisé pour fournir un assez long asile aux voyageurs ; aujourd’hui tout tombe lentement en ruines, mais malgré son état de délabrement, le khân reste encore

  1. Ainsworth, ii, 373 donne à ce khân une altitude de 5 690′ = 1 734m,50 et, il l’appelle Bache-Khân (Khân à la tête [des eaux]).