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DJÉZIREH — DE DJÉZIREH À MÔSOUL

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Nous ne pouvons démarrer qu’au jour, au moment où le soleil commença à dégeler nos outres, car le kellekdji déclare que des outres gelées ne résisteraient pas à des vagues un peu fortes.

Pendant toute la journée nous contournerons le Boutma-Dagh ; le Tigre souvent fort majestueux fait mille détours que la carte ne laisse pas même soupçonner. Il se rapproche très sensiblement du Zakhô-Dagh ; d’ailleurs, même sur la rive de Mésopotamie les collines se font plus hautes. Un assez grand nombre de villages se groupent sur les rives ; mais il est impossible de les identifier, comme d’ailleurs il est très difficile de s’orienter. Pour les noms de montagnes, le kellekdji, qui ne parle que kurde, n’est jamais d’accord avec la carte. Bientôt le Boutma-Dagh et les contreforts du Zakhô-Dagh resserrent le fleuve et forment (vers trois heures) de beaux défilés où le courant est assez rapide.


Tente arabe.

Nous sortons de plus en plus des régions kurdes, car le kellekdji donne maintenant comme arabes un grand nombre de villages situés sur la rive gauche.

Vers quatre heures et demie nous franchissons de très forts rapides juste au pied d’une falaise que couronnent deux grands villages (rive droite), et avançons encore dans les défilés du Boutma-Dagh jusque vers cinq heures et demie. Le fleuve doit avoir ici une très grande profondeur, car il est fort étroit et cependant le courant est à peine sensible. Le kellek atterrit à une plage de sable. Dans cette solitude que pas un bruit ne trouble, le soir est d’un charme profond ; la lune se reflétant dans les