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HISTOIRE DE L’ARMÉNIE

flamme jusques sous les murs de Dhuspas. Là, il est vrai, elles durent s’arrêter, tant étaient formidables les fortifications dont Sarduris et son père avaient couronné le rocher, déjà si bien défendu par la nature, où s’élevait la citadelle. Mais ce rocher était tout ce qui restait à Sarduris d’un empire qui, quelques années auparavant, s’étendait des sources orientales du Grand Zab, au confluent des deux Euphrate[1] !

Nous n’avons aucune inscription vannique pour nous éclairer sur la période de guerre à outrance et de profond abaissement qui suivit les défaites de Sarduris II. Cela se comprend ; le royaume de Biaïna n’a rien à nous dire de ses revers et de ses humiliations. Ce n’est guère que soixante-dix ou quatre-vingts ans après Sarduris, que nous retrouvons encore quelques monuments pour nous instruire des noms de quelques-uns des princes qui occupèrent un semblant de trône pendant ces temps de malheur. Ces monuments sont des boucliers votifs dans le genre de ceux que l’on voit suspendus aux murs du temple de Khaldis, dans le bas-relief du palais de Sargon. On les a découverts à Toprak-Kilissah près du village de Kara-Tasch, aux environs d’Osdan, au Sud du lac de Van. Ces boucliers sont en bronze, et ornés de plusieurs rangs concentriques d’animaux plus ou moins fantastiques, séparés par autant de cercles composés de lignes ondulées, simulant l’eau d’un fleuve. Plusieurs d’entre eux portent l’inscription suivante : « Aux nombreux enfants de Khaldis, Rusas, fils d’Erimenas, roi puissant, roi résidant en la ville de Dhuspas. Aux nombreux enfants de Khaldis, Rusas, fils d’Argistis, roi puissant, roi résidant à Dhuspas ». Rusas ne pouvant à la fois être fils d’Erimenas et d’Argistis, nous sommes autorisés à

  1. Nous passons ici sous silence les deux inscriptions d’Ilan-tasch à Ardjîch parce qu’elles ne contiennent absolument rien qui, pour le moment, puisse être utilisé pour l’histoire ou la géographie. M. Sayce regarde ces deux inscriptions comme deux colonnes d’une seule inscription (S. li). Nous ne voyons pas pourquoi ; le sens ne l’exige pas ; et la distance qui sépare les deux inscriptions montre bien que dans la pensée du roi qui les a fait graver, elles étaient réellement distinctes l’une de l’autre.