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HISTOIRE DE L’ARMÉNIE

traduire dans l’un des deux cas par petit-fils. Or, comme Rusas s’intitule ordinairement « fils d’Erimenas » tout simplement, il faut croire que celui-ci était réellement son père, tandis qu’Argistis était son grand-père. S’il en est ainsi, Rusas ne peut être que le Rusa qui envoya des ambassadeurs à Assurbanipal, à Arbèles, et Argistis sera ce même Argistis qui, après le suicide d’Urza, essaya, du temps même de Sargon, de lutter encore contre l’Assyrie.

Si Rusas ne fut pas le dernier roi de Biaïna, il fut certainement un des derniers. La fin était arrivée, non seulement pour sa dynastie, mais encore pour la race urardhienne, pour ce peuple auquel ses ancêtres avaient conquis un rang si noble parmi toutes les nations de l’antiquité. Cette race était touranienne ; après avoir habité pendant quinze ou vingt siècles les hauts plateaux de l’Arménie, elle fut envahie d’abord, puis, en partie chassée, en partie absorbée par une nouvelle race d’origine iranienne, dont les descendants sont seuls aujourd’hui connus sous le nom d’Arméniens.

Les nouveaux venus ne tardèrent pas à être les maîtres et à fonder un royaume qui végéta d’abord, puis grandit, se fortifia, et fit si bien enfin, qu’un jour il se trouvait à même de faire échec à la puissance colossale des Romains, de même que l’ancien royaume touranien avait fait échec aux légions d’Assyrie.