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CHAPITRE IV

Daratchitchak est un petit village bâti en pente au-dessous des vieilles églises arméniennes ; les demeures des fonctionnaires sont extrêmement simples. Le gouverneur habite un chalet sans prétention dont toutes les chambres sont blanchies à la chaux.

Le général Chalikof est déjà âgé, très myope, simple de manières ; il nous reçut fort aimablement et nous invita à déjeuner pour deux heures. Nous avions donc le temps de visiter les ruines auparavant.

Ces ruines se composent d’un groupe important d’édifices religieux et, à quelque distance de là, d’un petit oratoire isolé[1]. L’église la plus considérable (à gauche sur le plan) fut fondée en 1033, sous le règne de Goghik par un certain Kirikor Magistros, fils de Hasan. Elle se compose en réalité de deux églises parfaitement distinctes ; la première, basse, sombre, repose sur quatre énormes piliers ; elle a quelque chose de barbare dans son architecture et ressemble à nos plus vieilles cryptes romanes. Je la croirais volontiers plus ancienne que la seconde église avec laquelle elle communique par une porte étroite.

Cette seconde église, est beaucoup plus élevée de voûtes et ornée de colonnes élégantes. Sa coupole a été détruite par un tremblement de terre en 1827. À travers ce trou béant apparaissait le ciel d’un bleu intense ; et la lumière, venant animer des tons les plus chauds la pierre volcanique, faisait admirablement ressortir l’harmonie des lignes architecturales de l’édifice. À côté de cette église double se trouvent trois oratoires, dont un seul d’une certaine importance, et une petite église, plus moderne que la grande, mais de fort joli style.

Après le déjeuner à la russe, le général Chalikof nous donne

  1. Le plan que j’en donne est emprunté à Brosset (cf. Brosset, 3e rapport, 114) le plan était assez exact, mais j’ai dû faire, d’après mon croquis pris sur place, plusieurs corrections aux coupes et élévations : elles sont d’ailleurs très grossières comme dessin. L’échelle est divisée en sagènes (1 sagène vaut 3 archines) et en archines (l’archine vaut 0,711 m.) cf. Dubois de Montp. i, 408. Si j’ai bonne souvenance, Brosset lui-même a emprunté son plan à un religieux arménien du couvent d’Etchmyadzine.