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ERIVAN ET L’ARARAT, ETC

les températures extrêmes que j’ai citées, atteint le chiffre fantastique de 79 degrés ; la différence entre les moyennes extrêmes de chaud et de froid est de 40°,4. Cette différence se retrouve à peine dans les régions polaires, ou à Iakoutsk dont la température est assez chaude en été, mais qui en hiver correspond presqu’au pôle du froid[1]. Les chaleurs de l’été sont un peu tempérées par une sorte de mistral qui souffle des montagnes pendant la nuit ; mais ces variations de température engendrent facilement des fièvres ; aussi les fonctionnaires européens désertent-ils Erivan en été, dès qu’ils en ont la possibilité.

Ravagée dans les guerres successives qui ont ensanglanté l’Arménie, rebâtie à la hâte et parfois à quelque distance de son ancien emplacement, Erivan offre naturellement peu de monuments remarquables. Ceux qui subsistent sont dûs aux Persans.

La mosquée bleue[2] remarquable par les belles faïences qui en ornent la coupole, tombe en ruines. Une autre mosquée, la mosquée verte, est fort intéressante ; comme la plupart de ces édifices dans la Perse et aux Indes, elle n’a pas à proprement parler, de façade, mais ouvre sur la cour par de grandes baies en forme d’arcades. Cette cour plantée d’arbres, est entourée de cloîtres où des marchands ont installé leurs échoppes. De charmantes faïences vert-bleu recouvrent la coupole et le minaret.

Nous avons la chance de nous trouver à Erivan pendant le Katil-Beïram, la fête la plus solennelle des Musulmans Schiites. C’est aujourd’hui le sixième jour de la fête qui se célèbre pendant les dix premiers jours du mois de Moharrem.

Elle est destinée à commémorer le massacre de la famille de Hussein. Comme nous verrons le couronnement de la fête à Nakhitchévan, j’en parlerai plus longuement alors.

Le directeur de police avait mis à notre disposition son sous-chef, tatar musulman ; c’était une prévenance gracieuse qui devait en même temps nous permettre d’assister en toute sûreté aux

  1. Tchihatcheff, Asie mineure, ii, 266. E. Reclus, Géogr. vi, 259.
  2. Dubois de Montp. atlas, 3e série, pl. xxiiixxiv.