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Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/105

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modérer l’emploi du gaz bienfaisant. Plusieurs raisons imposaient cette prudente réserve. La première était la crainte, très naturelle, de dépenser une trop grande somme d’un corps appelé à rendre d’inappréciables services ; la seconde, que cette combustion de l’hydrogène, bien que considérablement tempérée par le passage du gaz au travers de résidus de charbon, épuisait rapidement la quantité d’air respirable contenue dans les appartements hermétiquement clos. Les hommes de l’art en avaient conçu quelques inquiétudes relativement à la santé générale de la colonie. À la première objection, Hubert répondit qu’il avait assez d’hydrogène pour subvenir à la consommation de trois hivers. Mais il ne répondit rien à la seconde, s’apercevant bien que cette température tout à fait anormale ne pouvait guère s’obtenir qu’au détriment de la combustion interne des poumons. Il fut donc décidé d’un commun accord qu’à la première détente continue du froid, on reprendrait l’ancien, chauffage au charbon, et que l’on n’utiliserait le précieux gaz que pour l’alimentation des produits azotés de la terre.

Ce fut dans cet état de véritable quiétude qu’on atteignit le milieu de janvier. À cette date, le soleil annonça son retour par les vagues lignes blanches de l’horizon au sud. C’était l’aube qui se manifestait ainsi avec une discrétion voisine de la parcimonie.

Par contre, les hivernants eurent fréquemment le plaisir d’admirer de merveilleuses aurores boréales.

Ces étranges phénomènes électriques se multiplièrent au point de lasser presque la curiosité naturelle des observateurs, et, chaque fois, leur apparition fut l’indice d’une perturbation atmosphérique considérable. D’effroyables bourrasques