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Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/106

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secouèrent les glaces, et la maison, malgré sa charpente et ses fermes en fer, ne dut qu’à sa position abritée entre deux rocs nus d’échapper à la destruction.

On fut deux jours en souci du navire. Le bruit terrible qui venait du large faisait craindre, à tout instant, un assaut de la banquise extérieure, et l’on fut en droit de se demander si le berceau de fer, sous la double influence du froid et de la poussée extérieure, résisterait à l’escalade des floebergs.

Le 20 janvier, Lacrosse, incapable de modérer plus longtemps ses inquiétudes, sortit en compagnie du lieutenant Rémois et de six hommes. Une neige épaisse, tombée de la veille, rendait la marche excessivement pénible par suite des chutes fréquentes en des fondrières que dissimulait la perfide blancheur du tapis. On mit plus d’une heure pour se rendre du campement au « port ». Mais, là, on eut l’immense joie de constater que l’Étoile Polaire était toujours à sa place, suspendue sur ses arcs-boutants. Les glaces s’étaient amoncelées autour d’elle, devant, derrière, en si grande quantité, qu’elles avaient fait au vaillant navire un rempart invincible contre les atteintes du dehors. Le seul changement de position, d’ailleurs peu considérable, qui fut relevé, consistait en ce que le mât de beaupré était littéralement pris entre d’énormes blocs qui s’étaient soudés à l’entour. Un danger en pouvait surgir, à savoir que le bâtiment fut poussé, de la sorte, sur sa poupe et vînt talonner contre la paroi d’arrière de sa gangue de débris. On tint conseil dès le retour des inspecteurs, et il fut décidé que l’on dégagerait l’avant le plus possible au moyen d’un jet continu de vapeur d’eau. Les chaudières du steamer étaient là toutes prêles pour la besogne. Il ne fallut pas plus de deux heures pour obtenir le résultat désiré, et l’Étoile