Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et le lieutenant Hardy, les chasseurs attitrés de l’expédition, constatèrent, non sans surprise, des traces de loups et de renards à une assez brève distance du fort. Le lendemain, à ces traces se mêlèrent de lourds vestiges d’animaux plus pesants, et l’on releva, quoique avec joie, les marques fourchues de plusieurs grands ruminants.

La nouvelle de ces constatations fut bien accueillie des habitants du fort.

Elles prouvaient que le gibier reparaissait, et qu’on allait se pourvoir largement de venaison fraîche. Elles annonçaient, en même temps, un été excessivement précoce.

En effet, le 10 mars, par une température de 15 degrés au-dessous de zéro, qui fut la moyenne du mois, les chasseurs eurent la chance extraordinaire de rejoindre un troupeau de bœufs musqués composé de cinq bêtes. Quatre d’entre elles furent tuées et leur chair vint immédiatement garnir le garde-manger de la station.

Mais, le 12, le lieutenant Pol étant sorti vers deux heures du matin, sans armes, se trouva inopinément en face d’un ours blanc de dimensions gigantesques. L’animal, selon l’habitude ses congénères, se mit à fuir tout d’abord, ce qui permit à l’officier de battre prudemment en retraite.

Il n’avait pas fait un kilomètre dans la direction du fort, que, se retournant, il put voir l’ours, revenant sur ses pas, lui donner la chasse sous une allure de trot qui l’aurait promptement rapproché si, par bonheur, quelques-uns des matelots n’eussent, eux aussi, aperçu l’animal et reconnu le péril du lieutenant.

Accourir avec de grands cris et faire feu sur l’ours, fut tout de suite la pensée à laquelle ils obéirent. La bête, déconte-