Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/114

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Il lui était arrivé de s’écrier un jour, au retour de l’une de ces courses :

« En vérité, je finirai par trouver que le Pôle ressemble au paradis terrestre. »

Il y avait, par malheur, la bise aigre et violente pour contredire ces paroles laudatives.

M. de Kéralio, lui, ne cessait de recommander à sa fille la plus extrême prudence.

« Nous sommes à un moment dangereux de l’année, et il ne se passe pas de jour qu’on ne constate d’innombrables fissures dans les glaces. Les différences de niveau du thermomètre suffiraient à expliquer leurs apparitions, si nous ne savions que la côte orientale du Groenland est affleurée par une branche du Gulf-Stream, et subit des élévations de température inconnues sur la côte occidentale, dans le canal Robeson et le détroit de Smith. Il faut donc surveiller sans cesse l’état du sol que l’on foule, de peur d’être entraîné par quelque chute d’icebergs ou par quelque déplacement de glacier. »

Ces sages conseils étaient accueillis parfois avec des hochements de tête.

Prudente sous tout autre rapport, Isabelle se laissait emporter par les séductions du paysage. Sa nature, un peu aventureuse et enthousiaste, reprenait le dessus, et alors elle oubliait les sages recommandations de son père et de ses compagnons.

Un événement terrible ne tarda guère à y apporter une cruelle confirmation.

Ce n’était pas seulement les glaces qu’il fallait redouter.

D’autres dangers, presque aussi graves, vinrent s’y joindre.

Dans les premiers jours de mars, Riez, Carré, Mac-Wright.