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Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/121

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cernent lourdaud, entêté dans sa détermination, il continua à s’avancer vers l’iceberg.

Le matelot était fou de douleur. Il appela Isabelle.

« Mademoiselle, essayez de trouver un chemin et de sauter pour venir à moi. »

La jeune fille, placée comme elle l’était, ne pouvait voir l’animal qui accourait. Toutefois elle comprit que l’avis du Breton lui signalait un danger imminent. Elle courut donc jusqu’à l’extrémité de la plate-forme pour essayer une descente.

Hélas ! le bord fuyait verticalement sous elle. Le mur de glace n’avait aucune aspérité. Il était aussi lisse qu’une paroi de stuc ou de marbre.

Isabelle agita les deux bras. Le vent emporta sa voix, et Guerbraz n’entendit que ces deux mots :

« Peux pas ! »

De l’autre côté du bloc, l’ours, maintenant caché aux regards du marin, commençait l’escalade du glaçon. On devinait sa pénible ascension sur le bloc.

Jamais le pauvre Guerbraz n’avait souffert aussi cruellement. Une résolution désespérée lui vint. Il s’élança jusqu’au pied du bloc, et, ouvrant les bras, se prépara à recevoir la jeune fille au moment où elle se laisserait glisser.

C’était une résolution folle, mais que justifiait, dans une grande mesure, la confiance que plaçait le marin en sa vigueur quasi surhumaine.

Isabelle la partagea, et, s’approchant de l’arête, elle mesura du regard la hauteur de la chute.

Cette vue l’effraya sans doute, car elle se rejeta en arrière, sur la console.

Mais, au même instant, sur la plate-forme, se dressa la tête