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Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/147

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1° 24′ 54″, soit 141 kilomètres et 484 mètres, à parcourir avant d’atteindre le 85e parallèle.

Or que trouverait-on sous ce parallèle ?

Serait-ce une terre nouvelle, une île dépendant du Groenland, mais plus voisine du Pôle, ou un vaste continent glacé se prolongeant jusqu’au Pôle lui-même, le dépassant peut-être pour se continuer jusqu’au nord de la Sibérie, avançant, çà et là, quelque péninsule inconnue dont la Terre de François-Joseph, découverte par Payer en 1871, ne serait qu’un promontoire ?

Aussi loin que s’étendît la vue dans le nord, on n’apercevait que la mer libre.

Le commandant Lacrosse en profita pour pousser l’Étoile Polaire aussi avant que possible dans le voisinage de la station nouvelle créée par les explorateurs. Il y gagna de relever les points de la côte qu’on avait longée au cours du dernier voyage.

La brièveté de l’été, qui ne dure pas plus de deux mois dans les régions polaires, obligeait les chefs de l’expédition à tirer parti de la situation exceptionnelle dans laquelle on se trouvait. M. de Kéralio rassembla donc le conseil de officiers et réunit les avis.

La presque unanimité des membres du conseil se prononça en faveur d’une reconnaissance immédiate dans le nord. En conséquence, tout le monde se rembarqua, et le steamer, battant de son hélice des flots entièrement libres, s’élança hardiment vers le nord.

Au bout des vingt premiers milles, on rencontra plusieurs débaris gigantesques, versés sans nul doute par quelque fiord transformé en glacier. Tous ces champs de glaces, ces icebergs dérivaient ostensiblement vers l’est et le sud-est, preuve évi-