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Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/173

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s’accrocher aux cordes de la nacelle pour n’être pas précipités dans les flots. Pendant trois ou quatre minutes, l’appareil courut sous cette allure terrifiante, chassé de la muraille de glace par une force invisible. Et, avec la même soudaineté, il se redressa, regagnant les altitudes de la veille, ramené vers son point de départ.

En même temps, l’atmosphère se saturait de vapeurs singulièrement troublantes, comme si de quelque latente conflagration se fût dégagée une quantité prodigieuse d’acide carbonique.

Schnecker subit le premier les symptômes de l’asphyxie. D’Ermont, apercevant à distance le campement de la colonne d’expédition, ouvrit la soupape. Mais lui-même, épuisé, s’affaissa dans le fond de la nacelle.

Là ne se terminait point le récit du jeune officier.

Après cette décourageante tentative, l’avis du plus grand nombre avait été de battre en retraite. « Le Pôle est inaccessible », disaient les pessimistes.

M. de Kéralio avait protesté de toute son énergie contre cette faiblesse des volontés.

« Messieurs, s’était-il écrié, jamais occasion plus belle ne nous sera offerte. Messieurs d’Ermont et Schnecker viennent de vous dire le résultat de leur voyage. Il semble prouvé que la banquise du Pôle ne peut être franchie au moyen d’un ballon. Mais n’avons-nous pas un autre moyen ? Ce bateau sous-marin, qui n’a pu remplir les fonctions de nacelle aérienne, nous allons le rendre à son véritable rôle. Il redevient sous-marin de plein droit, et si nous n’avons pu passer par-dessus la banquise de glaces, nous passerons par-dessous. »

Un long frémissement avait couru dans l’assistance. Mais,