Aller au contenu

Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sauf Hubert et deux matelots, personne ne se sentait assez de résolution pour affronter d’aussi redoutables périls.

La question fut soumise à un vote. Seize voix contre quatre décidèrent le retour à l’île Courbet.

M. de Kéralio ne prononça plus une parole, mais il fut aisé de voir sur sa physionomie qu’il ne se résignait point aussi facilement à ce qu’il considérait comme une faiblesse.

Cependant rien ne faisait prévoir qu’il allait prendre la décision extraordinaire à laquelle il s’arrêta.

On était arrivé aux derniers jours de juin. La mer se dégageait de plus en plus, et les voyageurs avaient la satisfaction de recourir fréquemment aux embarcations. La veille du jour fixé pour la retraite définitive, une tourmente de neige et de pluie les contraignit à rester sous la lente. Quand ils en sortirent, ils constatèrent avec stupéfaction que le sous-marin et sa réserve de tubes d’hydrogène avaient disparu. En même temps, M. de Kéralio et les matelots Riez et Le Clerc, qui avaient voté avec lui en faveur de la marche en avant, manquaient à l’appel. Dans la tente qu’ils occupaient on trouva la lettre suivante, écrite à la hâte au crayon :

« Soyez sans inquiétude à notre sujet. J’emmène Le Clerc et Riez et nous emportons le sous-marin. Je ne tenterai que ce qui sera humainement possible.

« Kéralio. »

Il ne fallut pas songer à les poursuivre. Ils étaient libres d’agir à leur guise, et M. de Kéralio était le chef attitré de l’expédition. On tint cependant une deuxième réunion, et le résultat de la délibération fut qu’on ne pouvait rien résoudre