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Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/186

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expérience. Maintenant que nous sommes fixés sur la route suivie par ceux que nous cherchons, vous êtes rassurée. Laissez-nous accomplir seuls le reste du chemin.

— Et moi, que ferai-je ? questionna-t-elle.

— Vous, Isabelle, vous rentrerez au camp. Notre brave ami Guerbraz vous reconduira. »

Mlle de Kéralio releva fièrement la tête, et posant sa main gantée sur l’épaule du lieutenant de vaisseau :

« À votre tour, Hubert, écoutez-moi. Vous devez être mon mari, et lorsque ce jour sera venu, vous aurez le droit de m’imposer vos décisions. J’obéirai alors. Mais aujourd’hui, tout en vous sachant un gré infini de ce que vous me témoignez de sollicitude, je réclame mon droit d’agir à ma guise. Je ne serai heureuse que quand j’aurai retrouvé mon père, et puisque nous devons être unis plus tard, vous me permettrez bien départager dès à présent vos joies aussi bien que vos souffrances et votre labeur.

— Mais si ces souffrances, si ce labeur, excèdent les forces d’une femme ?

— Il n’y a pas de souffrances qui puissent empêcher une femme de se faire le soutien, la consolatrice de ceux qu’elle aime. Me refuserez-vous de tenir ce rôle, ou ne m’en croyez-vous pas capable ?

— Vous savez bien le contraire, mon amie ! répondit Hubert avec feu.

— Alors ? Quelle raison pouvez-vous donc avoir de me renvoyer ?

— Mais, s’il y a pis que des fatigues, pis que des tortures ? s’il y a la mort ?

— Nous mourrons ensemble, Hubert ? »