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Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/187

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Le jeune officier vit bien que tous les arguments étaient inutiles.

C’était une résolution inébranlable qu’avait prise l’héroïque enfant. Son amour filial lui servait de guide et de soutien.

Il ne restait plus à Hubert qu’à s’incliner devant cette volonté si nettement exprimée.

On poursuivit donc le chemin à travers les formations de glace nouvelle et les chenaux d’eau libre. Le voyage devenait de plus en plus pénible, les journées se raccourcissant alors que le froid s’accroissait.

Isabelle luttait avec un courage héroïque. À chaque halte, sous la tente, elle se faisait répéter par Hubert quelques détails de sa course en ballon vers le Pôle.

« Ainsi, disait-elle, c’est une vraie muraille de glaces qui vous a arrêtés ? »

Et elle ajoutait tout aussitôt :

« Pardonnez-moi cette insistance, mon ami. Vous devez comprendre tout ce que je puise de constance dans l’audition de votre récit. Il me donne chaque fois un regain de force. »

Ils discutaient alors les diverses hypothèses qui se présentaient à leurs esprits.

Qu’y avait-il par delà cette barrière infranchissable ? Était-ce la ceinture d’une terre vierge, immobile au centre du mouvement diurne ? N’y fallait-il voir, au contraire, que la digue de clôture d’un gigantesque bassin intérieur contenant une mer libre, ignorée du regard de l’homme ?

Et ils se demandaient ce qu’il était advenu de M. de Kéralio et de ses deux compagnons. Deux ou trois fois, ils conçurent des espérances aussitôt dissipées.

Avec les changements de la lumière, le paysage revêtait de