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Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/189

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triksen, préposé à la surveillance de la meute, avait laissé, sans l’assujettir suffisamment, la laisse de cuir des animaux qui les tenait sous une unique dépendance.

Sollicités par la faim qui existe à l’état permanent dans leurs estomacs, les chiens s’étaient si bien remués qu’ils s’étaient entièrement délivrés de leur chaîne.

Alors, libres, ils avaient commencé par une fugue, que leur conseillaient sans doute les obscures réminiscences d’états sauvages ataviques. Ils avaient profilé du sommeil des voyageurs pour s’élancer d’une course folle sur le pack, n’ayant peut-être aucun esprit de retour.

Mais la faim qui fait sortir les loups du bois ramène les chiens à la laisse.

Il advint qu’après des investigations lointaines et infructueuses sur une plaine désespérément stérile, les auxiliaires des explorateurs se ressouvinrent de la pâtée quotidienne, et tous, soit isolément, soit par groupes, revinrent au campement.

Si bien que, le malin du 6 août, pas un d’eux ne manqua à l’appel.

Existe-t-il une langue canine ? Il faut le croire, car presque simultanément les fuyards, devenus pillards, se dirigèrent d’un commun accord vers le traîneau qu’ils avaient eu jusqu’ici mission de traîner, et qu’ils s’arrogeaient maintenant la faculté de dépouiller.

Et, leur flair aidant, ce fut sur l’arrière du traîneau qu’ils dirigèrent leur attaque.

C’était là en effet que se trouvaient entassés les vivres la route.

Un grand chien, à pelage fauve, le roi de la troupe, robuste et vaillant, donna le signal.