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Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/281

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se trouvaient les voyageurs, était une véritable niche, dont il était impossible, à première inspection, de calculer les dimensions. Mais, dès à présent, Hubert était rassuré. Il suffirait de faire reculer le sous-marin en même temps que progresserait la torpille, pour mettre le bateau à l’abri du brusque déplacement des couches d’eau.

La manœuvre ne fut pas longue à exécuter. La torpille fut lancée par le tube de l’avant en même temps que le sous-marin s’ébranlait en sens contraire. Elle fila tout droit jusqu’au mur de roches éboulées et, s’y arrêtant, fit explosion.

L’eau, violemment refoulée, vint battre le fond de la grotte. Elle enveloppa de ses plis le torpilleur, qu’elle secoua comme peut le faire une houle très rude. Mais ce choc ne pouvait être redoutable que si le remous eût emporté le fragile esquif jusqu’aux parois de cette ample caverne. Il n’en fut rien heureusement, et, la Grâce de Dieu revenant sur ses pas, d’Ermont put constater qu’une large trouée s’était faite.

Résolument il se donna le maximum de vitesse qu’il pouvait atteindre, et, veillant désormais à ne se point trop rapprocher des murailles du prodigieux tunnel, il tint sa route toute droite au milieu de ces eaux profondes.

Cependant il fallait sortir de là. En consultant les divers chronomètres embarqués, on constata qu’il y avait dix-huit heures qu’on avait quitté le champ de glace, dix que l’on était immergé. Malgré toutes les précautions prises et l’oxygène déversé par les tubes, l’atmosphère s’était considérablement alourdie dans l’intérieur du bateau. L’acide carbonique, selon son habitude, se déposait au bas des réduits, et Hubert fut promptement renseigné à ce sujet ; car Guerbraz s’étant agenouillé pour chercher un objet quelconque sous la banquette qui lui