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Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/282

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servait de couche, éprouva soudain une syncope. Il ne se fût pas relevé si d’Ermont, comprenant la cause de cette défaillance, ne se fût empressé de le redresser sur-le-champ.

Il profita de l’incident pour prévenir le matelot et Isabelle du danger qu’ils courraient en se baissant. Mais, en même temps, il les avertit qu’il devenait urgent de sortir au plus tôt de ce passage souterrain, si l’on ne voulait pas épuiser la provision d’oxygène et entamer celle du retour.

En conséquence, il enjoignit à Isabelle de prendre du repos. Il prescrivit la même chose à Guerbraz, se promettant de donner six heures de sommeil à la jeune femme, quatre au matelot. Il avait quelques raisons d’espérer que ce délai serait suffisant pour permettre au torpilleur d’achever le parcours de ce terrible conduit souterrain.

La marche du bateau avait dû être réglée avec la plus extrême prudence, et sa vitesse ne dépassait, pas huit nœuds. On n’avait donc parcouru, depuis l’immersion, qu’une soixantaine de kilomètres, en tenant compte de tous les détours, de tous les crochets, de tous les tâtonnements de la route.

Quand ses deux compagnons se furent jetés, épuisés de fatigue, sur leurs étroites couchettes, Hubert, demeuré seul gardien et manœuvrier du sous-marin, vit sa besogne triplée.

Jusque-là, en effet, Guerbraz avait servi de vigie, et Mlle de Kéralio n’avait cessé de s’employer à l’observation du compas et des montres. D’Ermont dut suppléer à l’absence de tous deux.

Par mesure de précaution, il plaça sur le plancher de fer du bateau, à des hauteurs progressives, des bougies allumées. Elles devaient, en s’éteignant successivement, lui indiquer