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Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/285

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des bulles de gaz qui se dégagent des profondeurs liquides et viennent crever sur la nappe, au contact de l’air.

En même temps, la mer reprenait son illumination interne. L’immense foyer électrique que contenaient ses profondeurs dispersait dans toutes les directions ses rayons d’un blanc violacé.

Mais, dès que le sous-marin eut atteint l’air extérieur, dès qu’Hubert, avec un hymne d’allégresse, eut dégagé le capot et laissé libre accès à l’atmosphère pure qui vint nettoyer les chambres et les réduits saturés d’acide carbonique, d’Ermont eut l’explication des phénomènes qui l’avaient effrayé naguère, de ce mouvement de déviation qu’il n’avait pu comprendre.

On était de l’autre côté de la barrière de glaces accumulées sur la ceinture rocheuse du Pôle. La mer sur laquelle on flottait, entièrement libre en ce moment, était d’une blancheur laiteuse. Une agitation l’animait, tandis qu’un bruit sourd, ininterrompu, frappait l’ouïe des voyageurs.

Au-dessus d’eux un ciel d’un azur pâle, mais limpide, se creusait à une profondeur sans bornes. Malgré le jour, on y apercevait les étoiles.

En interrogeant mieux l’horizon, les deux hommes s’aperçurent que ce ciel bleu formait une tache circulaire, au bord de laquelle les nuées mornes et grises reprenaient leur empire, indiquant que, par delà la ceinture des glaces paléocrystiques, le froid recouvrait ses droits.

Le sous-marin dérivait toujours. L’angle, de 4 degrés tout à l’heure, en avait maintenant 60, preuve que le bateau ne marchait plus droit sur le Pôle, mais tournait selon une tangente à un dernier cercle polaire dont on ne pouvait encore apprécier l’étendue.