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Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/310

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pareil à une lueur jaillie d’une lentille, se laissait voir au sud. Guerbraz dirigea le bateau sur ce point.

C’était l’ouverture même de la grotte, son orifice au jour. Les eaux du lac y formaient en été une cascade tombant de plus de 100 mètres de hauteur. Mais à ce moment de l’année, le froid avait solidifié les premières chutes en gradins de cristal. Au-dessous s’étendait la banquise superficielle formant le mur d’enceinte du Pôle, et, tout en bas, la mer libre battait de ses flots le soubassement de roches.

« Nous sommes sauvés ! » s’écria Isabelle.

Certes on n’était pas au bout des dangers et des fatigues ; on aurait encore à souffrir cruellement. Mais, du moins, on avait atteint le but et obtenu le résultat désiré. Des hommes avaient réussi à pénétrer jusqu’au Pôle et ils en étaient revenus, rapportant des indications précises.

On saurait désormais, non seulement dans le monde de la science, mais dans le vulgaire même, que le Pôle nord est une île où règne une température printanière due à l’influence combinée des rayons solaires et des effluves magnétiques ; que cette île est baignée par une mer libre séparée elle-même en deux zones par une muraille de rochers surmontés de glaces éternelles, et qu’il n’est pas impossible de découvrir dans cette muraille les fissures qui, par leurs détroits, mettent en communication ces deux cercles concentriques de l’océan paléocrystique. Peut-être ce passage découvert permettrait-il à un navire de gagner le centre du globe.

On saurait, en outre, qu’une série de conduits souterrains et sous-marins mettent en communication, non seulement les deux mers, mais aussi les terres arctiques et le Pôle lui-même, et que des explorateurs, usant des mêmes moyens, pourraient