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Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/322

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Le 15 janvier, le thermomètre remonta brusquement au point de congélation du mercure. En même temps, une pression barométrique considérable annonça la survenance d’une tempête du sud.

Elle dura trois jours et fut affreuse. Malgré sa situation à l’abri, l’Étoile Polaire eut beaucoup à souffrir.

Une roche d’un poids énorme se détacha de la crête des murailles et, tombant à pic, priva l’artimon de sa hune et de sa vergue barrée, puis défonça le pont à l’arrière. Parmi les cabines que cet accident dégrada se trouvèrent celles d’Isabelle et de sa nourrice. En outre, deux matelots furent atteints par la chute de ce bloc monstrueux. L’un d’eux fut tué sur le coup ; l’autre, les jambes brisées, languit trois jours à la suite de l’amputation reconnue indispensable, et mourut.

C’étaient autant de causes de tristesse, que le retour du soleil ne parvint pas à dissiper.

Quand vint février, le froid n’était plus guère que de 25 à 32 degrés. Afin de relever les énergies, le commandant Lacrosse donna l’ordre de reprendre les courses extérieures. Une première escouade, sous la conduite du vaillant Guerbraz, se dirigea vers le cap Washington, qu’elle atteignit après six jours d’une marche des plus pénibles. Elle y laissa deux des hommes qui la composaient, et en rapporta de fort mauvaises nouvelles : le lieutenant Rémois avait succombé à une entérite causée par les grands froids, et, avec lui, deux autres matelots, tous deux Canadiens, avaient péri.

Ces trois décès portaient à douze le nombre des victimes de l’expédition.

Il restait encore trente et un hommes et deux femmes. On tint conseil à bord de l’Étoile Polaire, pour décider si l’on