Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/39

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le naturaliste Schnecker, et les six matelots bretons Guerbraz, Ilélouin, Kermaïdic, Cariou, Le Maout et Riez.

Ce fut à ces douze débarqués que le reste de l’équipage confia le soin d’ajouter à la maison improvisée les deux ailes nécessaires au logement ultérieur des trente-trois officiers et matelots demeurés à bord du navire, et qui ne rentreraient de leur course au cap Farewell que pour s’enfermer avec leurs compagnons dans la longue nuit de l’hivernage.

Le bon chien Salvator suivit à terre Isabelle et sa nourrice. Il n’aurait pu vivre éloigné de sa jeune et vaillante maîtresse.

Enfin, le 1er juillet au matin, le commandant Lacrosse, à la suite d’un banquet de « revoir » donné à bord de L’Étoile Polaire, après avoir serré toutes les mains de ceux qui, les premiers, mettaient le pied sur la Terre Verte du nord, donna le signal du départ, promettant d’être de retour avant la fin du mois d’août.

Il y eut un moment d’indicible tristesse lorsque le steamer s’ébranla sous la première impulsion de son hélice. Quelle que pût être l’ardeur de ces explorateurs intrépides, ils ne purent envisager sans appréhension cette première séparation. Ceux qui restaient allaient faire la première expérience du séjour sur une terre désolée ; ceux qui s’éloignaient, au contraire, pourraient, une fois encore, toucher à des bords moins déserts et rentrer en communication avec la société, quelque rudimentaires qu’en fussent les misérables agglomérations.

Mais on avait la certitude d’un prochain revoir. On étouffa donc le malaise de cette scission préalable, et les débarqués s’occupèrent tout de suite à remplir le mieux possible le temps qu’ils avaient à passer avant la venue de l’hiver.

La première besogne fut celle de l’aménagement de la maison.