Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/45

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on ne pouvait souhaiter à une femme plus d’élégance et de grâce sous un costume semi-masculin.

Elle portait un pantalon de chaude laine, serré aux genoux par des guêtres de cuir et sur lequel retombait une courte jupe, analogue à celles des vivandières. Une veste à basques l’enveloppait du cou à la ceinture, et sur sa charmante tête Mlle de Kéralio plaçait une toque en peau de martre zibeline munie d’oreillettes et d’un couvre-nuque. Une carabine, chef-, d’œuvre de précision aussi bien que de ciselure artistique, pendait à son épaule droite, tandis qu’à son épaule gauche ballottaient le sac et la cartouchière.

Ainsi équipée, Isabelle s’élança sur les pas d’Hubert et de Guerbraz.

Comme ils sortaient de la maison, ils croisèrent le chimiste Schnecker.

« Où courez-vous ainsi ? » demanda l’Allemand.

D’Ermont répondit avec le même laconisme que Guerbraz :

« Des bœufs ! Si vous voulez venir, faites vite ! »

Le savant ne se fit pas répéter l’avis. Lui aussi s’élança dans la maison pour y prendre son fusil.

Mais déjà Hubert, Isabelle et Guerbraz escaladaient les plus basses collines, et, se dissimulant derrière des monceaux de gravats et de roches éboulées, se rapprochaient aussi vivement que possible du troupeau des bœufs musqués. Il n’était pas des plus nombreux et comprenait au total un taureau, deux vaches et deux veaux. Les cinq bêtes paissaient sans méfiance le rare gramen de la côte et ne prévoyaient guère l’agression dirigée contre elles.

Tout à coup les deux chasseurs et leur compagne arrivèrent à portée de fusil, et trois coups de feu éclatèrent simultané-