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Page:Macé - Histoire d'une bibliothèque communale, 1863.djvu/14

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C’est par dizaines et par centaines de millions, qu’il faudrait compter si le gouvernement était mis en demeure d’improviser, à l’heure qu’il est, des bibliothèques sérieuses à toutes les communes de France et nous sommes encore loin du jour où les dépenses d’instruction publique feront à ce point figure au budget. Compter sur soi-même dans les affaires d’intérêt général est une habitude que nous avons trop peu dans ce pays : il est bon d’en faire l’apprentissage. Et d’ailleurs, une bibliothèque, sortie lentement du sein même de la commune, lui sera mille fois plus chère que si on la lui avait expédiée toute faite. C’est une question de maternité bien facile à comprendre.

Ai-je besoin d’ajouter que si l’on veut maintenir ces créations nouvelles dans les conditions excellentes où elles se trouvent placées, on doit s’imposer la loi de choisir les livres avec un soin scrupuleux, de n’en admettre aucun qui puisse rien effaroucher, et d’abdiquer résolument tout intérêt de secte et de parti. Il en est un plus grand qu’il faut sauve-garder avant tout, l’intérêt du pays, qui est assez évident ici pour couper court à toute arrière-pensée.

Il reste encore assez de livres possibles, en dehors des préoccupations religieuses ou politiques, pour qu’on ait l’embarras du choix. De livres exactement appropriés aux besoins et aux moyens d’instruction des populations actuelles de la campagne, c’est autre chose : ces livres-là sont à faire. Ils n’existent pas par une raison toute commerciale : on n’en avait pas le placement. Que des bibliothèques communales s’établissent sur toute l’étendue du territoire, on verra se re-