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Page:Macé - L’Abbé en belle humeur, 1881.djvu/14

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L’ABBÉ

avec tant de flatterie et d’adresse dans cette folle entreprise, et sçût si bien profiter de ses foiblesses, qu’il lui donna pour femme cette jeune enfant, dont la beauté si touchante, joint à un tempérament trop porté à l’amour, en rendoit la garde des plus difficile. Ce Médecin avoit été chargé de la conduite de cette belle par une mére mourante, depuis très peu de tems, mais n’étant point en état lui-même de lui procurer le bien qu’il eut souhaité, il crut trouver en la personne d’Ormon une très agréable défaite de ce pesant fardeau.

Tous ceux qui voyoient Aminte en étoient coëffés au premier quart-d’heure ; ses coups étoient si sensibles qu’ils ne donnoient pas seulement le tems de se reconnoître ; c’étoit une brune d’une blancheur à éblouir, le nez presque aquilain, des yeux extrêmement vifs et bien fendus, la bouche petite et vermeille, avec un teint parsemé de lys et de roses, et une gorge dont la beauté et la blancheur ne pouvoient qu’inspirer de l’amour aux plus insensibles de tous les hommes. Sa taille étoit grande et belle, avec un air